mercredi 19 janvier 2011

La charlotte de Noël

- Et si on innovait ? a dit A*, proposant comme dessert de Noël une charlotte plutôt qu'une traditionnelle bûche de Noël ?

- Pourquoi-pas ? lui répondis-je avec enthousiasme et après examen de la recette d'une "Charlotte rose aux fruits rouges" ***** du journal des femmes, sur l'internaute.com.


Coup d'œil rapide sur la recette :

- Les groseilles, j'ai : la récolte de l'année ayant été intégralement congelée.
- Les framboises, j'ai : les surgelées de Cora sont très bonnes.
- Je peux même ajouter quelques cassis : j'ai encore la récolte de l'année au congélateur.
- Sucre, crème, citron : ce n'est pas un problème.
- Suffit d'acheter la gélatine et les biscuits roses de Reims. J'ajoute ces 2 éléments à ma liste de commissions.

Préparation 20 minutes ; repos 720 minutes (pourraient pas dire 12 heures, comme tout le monde) : en faisant la charlotte le matin, ça devrait être bon !

Courses à Cora quelques jours à l'avance pour éviter la foule, avec l'aide (pas toujours éclairée) de monsieur.
- Je ne trouve pas la gélatine !
- A quoi ça ressemble ?
- Ben, à des feuilles de papier transparent !
Exploration du rayon "aide à la pâtisserie", Vahiné c'est gonflé et Alsa vous gonfle. Finalement, on trouve de la gélatine en poudre ! Tant pis : ça doit bien faire le même effet ? Le poids correspond aux besoins, va pour les 12 g de gélatine en poudre.

Je ne trouve pas de biscuits roses de Reims, pas plus que de blancs non plus.
Je dédaigne les vulgaires boudoirs (les rose-cochenille comme les blancs) et me rabat sur des biscuits à la cuillère premium. Il en faut 20, donc la boite de 30 convient parfaitement.
Suit une grosse discussion philoso-gastronomique avec monsieur sur la différence entre les boudoirs, les biscuits à la cuillère, les biscuits à Champagne, les biscuits de Reims (les roses comme les blancs !) : nous ne tombons pas d'accord.

Suite des courses quelques jours plus tard au Grand Frais de Dommartin : je trouve de la gélatine en feuille. J'achète : la poudre pourra toujours servir à autre chose.
Pas plus de biscuits de Reims roses que de blancs.
Désespoir d'A* qui m'envoie la photo1 prise sur son téléphone depuis le Monop en face de chez lui où il y en a.


Et photo2 de biscuits à la cuillère sur lesquels on peut se rabattre !
Texto à A* pour lui signifier :- C'est bon, A*, j'ai des vrais biscuits à la cuillère-pas-boudoirs-t'encombre-pas-de-biscuits-de-Reims, sauf si ça risque de gâter ton réveillon.
Je le sens pas convaincu et un peu dépité !
Courses dernière minute à Toul : pas des biscuits de Reims au Casino ! Le Proxy de la place du marché est définitivement fermé. Finalement, je passe chez Laroppe pour le cadeau de monsieur… blablabla avec Vincent :
-Il n'y a plus que Casino comme commerce alimentaire à Toul ?
Blablabla…
-Parce que je cherche des biscuits roses de Reims !
- Mais j'en ai !
- Haaaaaaaaaaaaaaaaaa ?!
- Oui, on essaye d'avoir tout ce qu'on ne trouve pas ailleurs.
Je jubile !
- Sauf qu'on est en rupture de stock : je n'ai que des petits !
Je dé-jubile.
- C'est pour faire une charlotte !
Mais çà marche très bien aussi, les petits !
Je quitte le magasin de la rue Jeanne d'Arc encombrée du (lourd) cadeau pour monsieur, de deux grandes bouteilles de bière "Chaouette" brassée artisanalement à Saizerais (qu'on ne boira même pas !) et du précieux paquet de petits biscuits roses de Reims, des vrais, qui pourront toujours servir…
SMS à A* : G D roZ !
Réponse : Me v'la soulagé !

Jour J pour faire la charlotte, on n'est pas trop de 3 !
A* s'occupe des fruits : décongélation, moulinage, passage au tamis (avec quoi ? Chinois ? Moulinette ?).
- Moi, je n'aurais pas filtré…
La pâte est assez visqueuse et épaisse… mais en insistant bien, ça passe dans le chinois.
L* s'occupe de la gélatine avec dextérité. Moi, je pèse, prépare le sirop, monte la crème en Chantilly, prépare les biscuits.
Nous nous mettons à trois pour chemiser le moule… mais quel moule ? Il y a le choix entre 3 ou 4 récipients dont un que j'ai acheté tout exprès ! Opération découpage du papier sulfurisé, avec le secours de monsieur, parce qu'il faut refaire le rond du fond que j'ai malencontreusement mis à la poubelle et que ça urge parce que la gélatine doit être à point ! Quatre mains et quelques pinces à linge sont nécessaires pour soutenir le chemisage tandis que je trempe (rapidement, dit L*) les biscuits dans le sirop. Les petits nous ayant laissés dubitatifs sur la solidité finale de l'édifice, nous avons opté pour une solution batarde : des petits biscuits roses de Reims dans le fond, des biscuits à la cuillère pour le tour.
Deux heures, environs, plus tard (qui avait dit 20 minutes de préparation !) la charlotte est engouffrée dans le frigo pour 12 heures de repos bien mérité. Quant à nous, on s'attaque à l'abondante vaisselle et rangeons le bric-à-brac des ingrédients, appareils et autres accessoires ayant servi à la confection du précieux dessert.

Sub-12 heures plus tard : démoulage parfait ! La charlotte est solide et ne s'écroule pas. On passera sur son petit défaut : la crème qui est un peu passée entre les biscuits, et ça ne ressemble pas du tout à celle de la photo. (Non contractuelle : c'était une suggestion de présentation ! D'ailleurs, ce n'est pas possible qu'il y ait 30 biscuits dans celle présentée.)
- Mam', t'as de la menthe ?
Zut, j'avais zappé qu'il fallait de la menthe… Celle du jardin est sous la neige, celle que j'ai desséchée n'est pas engageante, et je n'ai pas pensé à en acheter.
Mine déconfite d'A* ! Tant pis, y aura pas la pointe de verdure qui fait que c'est plus joli et dont le goût s'assortit bien avec celui des fruits rouges !
Ben sinon, la charlotte, elle était très jolie avec les fruits qu'on a mis dessus et qui cachaient les biscuits roses de Reims ! Elle fut même délicieuse.

La prochaine fois, j'm'y prendrai plus tôt pour acheter les biscuits idoines ; on aura l'expérience pour manier la gélatine, j'achèterai de la menthe fraiche et on ne mettra peut-être qu'une heure pour la préparation !

Au fait, sur la recette, c'était écrit : "Une charlotte idéale en été, pour un anniversaire", recette difficile !

Si ça vous tente, la recette est ici.

vendredi 7 janvier 2011

(Sa)pin de Noël

Lupa et moi ayant été habitués depuis notre plus tendre enfance à la présence d'un sapin de Noël, ce symbole forestier, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, a tenu au fil des années une place incontestable dans chaque mois de décembre.

Le premier de notre vie de couple fut symbolisé par des branches de noisetier peintes en blanc et garnies de quelques boules que notre maigre bourse d'études avait permis d'acheter. Le tout fut placé sur le buffet dans mon unique vase. Pourtant cette année-là, nous n'avons pas passé Noël dans le F2 meublé que nous louions au CROUS au dixième étage du bloc "les Pélicans" à Vandœuvre.

Puis l'arbre se fit épicéa, laissant malencontreusement et irrémédiablement quelques aiguilles dans la moquette. Il y eu une ou deux années de suite un sapin pectiné, sommes toutes assez malingre, prélevé dans des semis naturels d'une forêt près de Lunéville où j'avais cartographié.
Petit à petit, le stock de boules, guirlandes et autres ornements s'est mis à croître, passant d'une boite à chaussure à un carton plus volumineux.
Il n'y en eut pas l'année de notre emménagement à Pierre ! Celui-ci ayant eu lieu le 22 ou 23 décembre 1981, il n'en fut même pas question ! Pourtant, l'humidité de la maison toute neuve et chauffée seulement depuis quelques heures aurait convenu au plus vulgaire épicéa ! Quelques guirlandes furent malgré tout accrochées aux cartons "Démeco" empilés que nous n'avions pas encore déballés. La poutre de cheminée accueillit l'inévitable crèche en bois et tissu made in P&M et qui est encore récurrente après une ou deux tentatives plus artistiques. Point de feu possible : la cheminée était trop fraîche pour le supporter. Nous oserons cependant vaincre l'interdiction en brulant tout doucement les emballages des cadeaux.
Les années qui ont suivi, le territoire de Pierre la Treiche nous fournit en pins, noir ou sylvestre, coupés au Chanot mais dont la source s'est trop vite tarie pour cause de croissance exubérante. Il y a même eu une tentative "genévrier de Noël", non renouvelée à cause du caractère risqué d'une cueillette dont on ne se sort pas indemne de toute égratignure.
Tout ça sentait bien bon, mais séchait trop vite, malgré le bac de sable humide de GSM où on plaçait l'arbre. C'était d'ailleurs toute une expédition et une installation auxquelles les enfants aimaient participer !
Je n'ai pas renouvelé l'opération sapin de Douglas en motte, coûteuse et décevante : mon unique acquisition prit en effet bien vite de jolies teintes rousses automnales laissant présager l'échec inévitable de toute tentative de plantation au jardin.
Bref, le sapin de Noël c'était une histoire bien compliquée. A* ne le trouvait jamais assez grand à son goût. Il s'en faisait d'ailleurs un personnel dans sa chambre, décoré sur ses fonds propres !
Les thématiques changeant parfois, la quantité de babioles destinées au décor a vite augmenté… tous ne servant pas chaque année. Quelques éléments originaux (mais très certainement déjà made in China) furent achetés au marché de Noël de Strasbourg où nous sommes allés à deux reprises, affrontant une fois un grand froid, une autre une pluie diluvienne, météos mémorables l'une comme l'autre… A* se souvient sans doute des chaussures qu'on qualifia ensuite "de location", achetées quelques jours plus tôt (à la Halle aux chaussures pour ne pas leur faire de pub !), et qui ne résistèrent pas à l'expédition… Elles furent remboursées sans discussion par le marchand qui n'ignorait pas la faiblesse du modèle. Quant à la pluie, elle nous valu l'achat d'un méga parapluie aux couleurs de l'Europe, lequel a encore ses pénates dans le coffre de la voiture "au cas où", mais n'a pas dû beaucoup servir depuis.
LEA ayant quitté le nid, je rechigne et me fais chaque année réprimander devant mon faible "sapinenthousiasme " !
L'arrivée de Bidule a été catastrophique pour l'arbre : c'est si amusant, tous ces trucs qui pendouillent et qui scintillent… et c'est si rigolo pour un chat facétieux de mordiller le bout des branches... Du coup, les deux années qui ont suivi, j'ai opté pour un astucieux Sapinus suspendux : stratagème fait en réelles branches d'épicéa la première année. Il a fallu installer un gros crochet au plafond, réutilisé l'année suivante pour un ersatz… en branches peintes en blanc : retour aux origines !
Le crochet ayant servi entre temps à suspendre trois avions biplans que je ne souhaitais pas enlever et vu que les pitchounes ne venaient pas cette année, je me serais volontiers abstenue au risque de sévères réprimandes… ou adaptée à toute idée originale que ni A* ni L* ne m'ont proposée malgré ma requête !


Finalement (crainte de représailles et de déceptions ?), nous avons affronté la neige et le froid pour aller couper un "petit itsi bitsi tini ouini, tout petit" (sa)pini dans la carrière au dessus du Chanot. Néanmoins élégant. Je lui ai épargné les guirlandes électriques (dont la plupart des lampes sont HS) inadéquates à sa frêle ramure. Il a accueilli pas mal de boules et pendouilleries écarlates qui n'ont pas suffit à lui donner un air touffu. Personne n'a remarqué que je ne l'avais pas coiffé de la traditionnelle étoile ! Pffft ! C'est dire si mes gaillards ont pris le temps d'y regarder de près !
Je l'ai démonté mercredi (je n'ai pas eu le temps avant) et j'ai remisé mes deux cartons d'accessoires dans leur placard. Je ne l'ai même pas pris en photo !
(Bonne ?) idée : et si l'an prochain je n'y accrochais que des décors comestibles ? (Papillotes, sucre d'orge, pain d'épices…) avec obligation de tout liquider ? Le démontage serait grandement facilité.

Photos :
Vandoeuvre, janvier 1975

Carrière du Chanot , juillet 2009)

(Extrait de la Gazette du 8 janvier n°9)