lundi 23 août 2010

Météo des vergers

Je rentrais du jardin plusieurs fois par jour, tenant dans les mains les quelques mirabelles tombées. Délicatement comme si c'était des œufs ou plus précisément des œufs de Pâques tombés du ciel.
Je n'ai pas osé les prendre en photo : je n'aurais pas eu le cœur de faire une jolie mise en scène sur une nappe en couleur, accompagnées de quelques feuilles arrachées aux arbres !

Dégoûtée !

Les blondinettes avaient un peu tardé à mûrir, contrariées par un hiver qui n'en finissait pas de finir, et par un début d'été prétendu caniculaire, tout juste un peu plus sec et plus chaud que de normale.
Finalement, certaines étaient à point à l'heure habituelle. Le 13 août qui tombait un vendredi, fut un jour de chance pour les ramasseurs qui purent commencer à œuvrer dans les vergers les plus précoces sous un beau soleil d'été. Les propriétaires souhaitant alimenter les premières ventes avec un bénéfice conséquent se frottaient déjà les mains !

Et puis est venu le week-end ; comme qui dirait un 15 août pourri ! Déjà que la malédiction avait fait tomber ce jour férié un dimanche, pour corser le tout il a plu ! La pluie s'est mise à tomber perfidement le samedi. Puis elle est tombée de façon soutenue et sans interruption le dimanche tandis que celle du lundi, un peu plus légère, a complété les méfaits du temps exécrable de la veille. Le thermomètre frisait les 14/15°C et par superstition, j'osais à peine ressortir quelque petite laine me souvenant pourtant avoir déjà fait une flambée dans la cheminée à pareille époque.

Le soleil est revenu, timidement. Les hirondelles aussi, qui avaient abandonné le ciel au dessus du village pour quérir au-dessus de la Moselle quelque maigre pitance. Chacun a tout doucement sorti le museau hors de chez lui, scrutant, évaluant, commentant …

On ne put que constater çà et là les dégâts, les surestimant peut-être comme il se doit dans une première évaluation à 60% de perte ! Estimation vérifiée dans mon jardin où je ramassais les pauvrettes au fur et à mesure qu'elles s'écrasaient au sol. Les moins laides présentaient une fente indécente, mettant à nu leur chair dorée. D'autres moins pudiques laissaient entrevoir un noyau incongru ! J'envoyais avec rage sur le pourrissoir celles dont il ne restait que chair corrompue, brune ou violette, du jamais vu, que même les guêpes avaient renoncé à fréquenter. Ces dernières avaient en effet totalement disparu, laissant les fruits gâtés aux fourmis et aux limaces. À quelques mouches aussi !
Un peu de confiture, une tarte, un clafoutis… on s'est régalés malgré tout ! Même laides, les rescapées étaient goûteuses et j'avais commencé à hocher quelques branches, récupérant de quoi satisfaire ma gourmandise mais pas suffisamment pour des conserves.

Partout on déplora les dégâts. Dans les vieux vergers, les branches avaient cédé sous le poids des mirabelles qui, déjà trop nombreuses, s'étaient à l'excès gorgées d'eau. Les jeunes vergers où les fruits étaient encore immatures laissaient espérer encore une possible récolte. Le soleil fit rapidement sont action et en quelques heures, la maturité fut atteinte mais il fallu bien se rendre à l'évidence : il y avait trop de fruits fendus, invendables à moins d'un tri particulièrement sévère et peu rentable. La majeure partie des fruits allaient devoir finir sur place ou en distillerie.

Quant à moi, j'ai pu faire de substantielles provisions grâce à une amie du Saintois que je remercie chaleureusement au passage.


Mes réserves seront une première infidélité aux côtes de Toul. Lors du ramassage dominical du 22 août, nous avons dû nous rendre à l'évidence que le rendement était assez décourageant ! Très peu des fruits que nous avons récoltés auraient été dignes de satisfaire le commerce : souvent trop petites, tachées ou molles et tournant à vue d'œil sous le temps orageux. J'avais espéré garnir une dizaine de bocaux mais la trentaine que nous avons emplis dès le dimanche soir et stérilisés le lendemain matin est bien jolie à voir. Les quelques unes qui ont échappé à la cuisson devront être rapidement consommées et seront rejointes par les dernières du jardin que je collecte encore poignée par poignée au fur et à mesure que le vent les fait tomber.

Je ne promets pas non plus ne point aller à la rapine sous les arbres de Bruley ou de Lucey dans quelques jours ! Chaudes et un peu molles, gisant dans l'herbe piétinée, elles sont parmi les meilleures à grappiller au cours d'une balade sur la côte, juste avant les vendanges.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire