vendredi 7 janvier 2011

(Sa)pin de Noël

Lupa et moi ayant été habitués depuis notre plus tendre enfance à la présence d'un sapin de Noël, ce symbole forestier, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, a tenu au fil des années une place incontestable dans chaque mois de décembre.

Le premier de notre vie de couple fut symbolisé par des branches de noisetier peintes en blanc et garnies de quelques boules que notre maigre bourse d'études avait permis d'acheter. Le tout fut placé sur le buffet dans mon unique vase. Pourtant cette année-là, nous n'avons pas passé Noël dans le F2 meublé que nous louions au CROUS au dixième étage du bloc "les Pélicans" à Vandœuvre.

Puis l'arbre se fit épicéa, laissant malencontreusement et irrémédiablement quelques aiguilles dans la moquette. Il y eu une ou deux années de suite un sapin pectiné, sommes toutes assez malingre, prélevé dans des semis naturels d'une forêt près de Lunéville où j'avais cartographié.
Petit à petit, le stock de boules, guirlandes et autres ornements s'est mis à croître, passant d'une boite à chaussure à un carton plus volumineux.
Il n'y en eut pas l'année de notre emménagement à Pierre ! Celui-ci ayant eu lieu le 22 ou 23 décembre 1981, il n'en fut même pas question ! Pourtant, l'humidité de la maison toute neuve et chauffée seulement depuis quelques heures aurait convenu au plus vulgaire épicéa ! Quelques guirlandes furent malgré tout accrochées aux cartons "Démeco" empilés que nous n'avions pas encore déballés. La poutre de cheminée accueillit l'inévitable crèche en bois et tissu made in P&M et qui est encore récurrente après une ou deux tentatives plus artistiques. Point de feu possible : la cheminée était trop fraîche pour le supporter. Nous oserons cependant vaincre l'interdiction en brulant tout doucement les emballages des cadeaux.
Les années qui ont suivi, le territoire de Pierre la Treiche nous fournit en pins, noir ou sylvestre, coupés au Chanot mais dont la source s'est trop vite tarie pour cause de croissance exubérante. Il y a même eu une tentative "genévrier de Noël", non renouvelée à cause du caractère risqué d'une cueillette dont on ne se sort pas indemne de toute égratignure.
Tout ça sentait bien bon, mais séchait trop vite, malgré le bac de sable humide de GSM où on plaçait l'arbre. C'était d'ailleurs toute une expédition et une installation auxquelles les enfants aimaient participer !
Je n'ai pas renouvelé l'opération sapin de Douglas en motte, coûteuse et décevante : mon unique acquisition prit en effet bien vite de jolies teintes rousses automnales laissant présager l'échec inévitable de toute tentative de plantation au jardin.
Bref, le sapin de Noël c'était une histoire bien compliquée. A* ne le trouvait jamais assez grand à son goût. Il s'en faisait d'ailleurs un personnel dans sa chambre, décoré sur ses fonds propres !
Les thématiques changeant parfois, la quantité de babioles destinées au décor a vite augmenté… tous ne servant pas chaque année. Quelques éléments originaux (mais très certainement déjà made in China) furent achetés au marché de Noël de Strasbourg où nous sommes allés à deux reprises, affrontant une fois un grand froid, une autre une pluie diluvienne, météos mémorables l'une comme l'autre… A* se souvient sans doute des chaussures qu'on qualifia ensuite "de location", achetées quelques jours plus tôt (à la Halle aux chaussures pour ne pas leur faire de pub !), et qui ne résistèrent pas à l'expédition… Elles furent remboursées sans discussion par le marchand qui n'ignorait pas la faiblesse du modèle. Quant à la pluie, elle nous valu l'achat d'un méga parapluie aux couleurs de l'Europe, lequel a encore ses pénates dans le coffre de la voiture "au cas où", mais n'a pas dû beaucoup servir depuis.
LEA ayant quitté le nid, je rechigne et me fais chaque année réprimander devant mon faible "sapinenthousiasme " !
L'arrivée de Bidule a été catastrophique pour l'arbre : c'est si amusant, tous ces trucs qui pendouillent et qui scintillent… et c'est si rigolo pour un chat facétieux de mordiller le bout des branches... Du coup, les deux années qui ont suivi, j'ai opté pour un astucieux Sapinus suspendux : stratagème fait en réelles branches d'épicéa la première année. Il a fallu installer un gros crochet au plafond, réutilisé l'année suivante pour un ersatz… en branches peintes en blanc : retour aux origines !
Le crochet ayant servi entre temps à suspendre trois avions biplans que je ne souhaitais pas enlever et vu que les pitchounes ne venaient pas cette année, je me serais volontiers abstenue au risque de sévères réprimandes… ou adaptée à toute idée originale que ni A* ni L* ne m'ont proposée malgré ma requête !


Finalement (crainte de représailles et de déceptions ?), nous avons affronté la neige et le froid pour aller couper un "petit itsi bitsi tini ouini, tout petit" (sa)pini dans la carrière au dessus du Chanot. Néanmoins élégant. Je lui ai épargné les guirlandes électriques (dont la plupart des lampes sont HS) inadéquates à sa frêle ramure. Il a accueilli pas mal de boules et pendouilleries écarlates qui n'ont pas suffit à lui donner un air touffu. Personne n'a remarqué que je ne l'avais pas coiffé de la traditionnelle étoile ! Pffft ! C'est dire si mes gaillards ont pris le temps d'y regarder de près !
Je l'ai démonté mercredi (je n'ai pas eu le temps avant) et j'ai remisé mes deux cartons d'accessoires dans leur placard. Je ne l'ai même pas pris en photo !
(Bonne ?) idée : et si l'an prochain je n'y accrochais que des décors comestibles ? (Papillotes, sucre d'orge, pain d'épices…) avec obligation de tout liquider ? Le démontage serait grandement facilité.

Photos :
Vandoeuvre, janvier 1975

Carrière du Chanot , juillet 2009)

(Extrait de la Gazette du 8 janvier n°9)

1 commentaire:

  1. Merci pour ce récit familial qui sent si bon ... le sapin!
    J'attends celui de la cérémonie des voeux ou celui de la galette traditionnelle avec impatience ...

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