dimanche 18 décembre 2011

Une journée avec Joachim

Jeudi, 23 heures

Mon gros chat tigré dort sur le lit. Une tempête est annoncée pour la nuit et pour demain, et demain, nous devons impérativement aller à Nancy. On verra bien !

Vendredi, 7 heures

Le chat réclame ses coquettes avec des miaulements désespérés. La nuit a été plutôt calme, mais il a beaucoup plu comme l'atteste la grosse flaque d'eau en bas de la descente du garage.

Vendredi, 9 heures

Le chat s'est installé derrière la fenêtre. Il regarde les nuages qui passent très vite dans le ciel, quelques feuilles qui volent dans le jardin...
Je fais le chauffeur de monsieur que quelque vilaine douleur empêche de conduire, mais qui doit donner une conférence à Brabois aux élèves infirmiers.
J'en profiterai pour descendre en ville. J'ai quelques courses à y faire pour Noël, un dernier cadeau à trouver.

Vendredi, entre 9 heures et 9 heures 30

A la sortie du village, nous longeons une Moselle très sale, haute et houleuse. Plus loin, la petite route passe dans la forêt. Elle est jonchée de brindilles et de faînes. Je dois éviter quelques branches un peu plus grosses. Des employés de la DDE creusent une rigole dans le bas-côté pour évacuer l'eau qui s'accumule dans un virage. Une petite pluie fine tombe irrégulièrement.
Arrivés à Nancy, le gardien du CHU lève la barrière pour me laisser entrer. Je me faufile dans le dédale du centre hospitalier, trop juste en places de parkings. Il ya des voitures stationnées partout, rendant les croisements difficiles sur les voies trop étroites.

Vendredi, 9 heures 30

Je débarque monsieur devant l'école d'infirmiers puis retrouve la sortie je ne sais par quel miracle Je mets plus d'une demi-heure à gagner le centre ville encombré. Le vent a fait tomber toutes les gousses des catalpa de l'avenue Foch dont la chaussée est jonchée.
Comme il se doit, c'est la pagaille aux abords du pont Foch. Aussi, je rejoins le cours Léopold par le boulevard Albert 1er, ose me garer sous les arbres, choisissant néanmoins par précaution un individu jeune et bien portant : on ne sait jamais !

Vendredi, de 10 heures à 11 heures 30

Je traverse sereine la place Carnot, évitant les flaques et les ruisseaux d'eau que le sable ne parvient à absorber et qui s'engouffrent... dans l'accès piétons du parking souterrain.

La ville est calme et la pluie légère. Rue Saint Dizier, rue des 4 églises, marché couvert : jusqu'ici, tout va bien ! Je ne révèlerai pas les magasins où je suis entrée pour ne pas dévoiler la nature de mes cadeaux, mais dans chacun, il est question de tempête et du courage qu'il fallait pour sortir par ce temps ! Au moment de traverser la place-Mengin-future-place-Charles III en chantier, il tombe des trombes d'eau ! Je me résigne à ouvrir le mini parapluie qui somnolait jusqu'ici dans mon sac. L'eau ruissèle de partout : plus difficile ici d'éviter les flaques !
Le centre Saint Sébastien me permet de faire mon dernier achat et de joindre à pied sec la rue Saint Jean. Entre temps, les éléments se sont un peu excités. La pluie a redoublé d'intensité et le vent a forci, mettant à mal mon minable parapluie à trois sous. Sur la place Maginot, les chalets du marché de Noël sont fermés et les grilles soigneusement arrimées en empêchent l'accès. Je sens bientôt l'humidité monter dans mes chaussettes. Quant à mon bas de pantalon, il est à tordre !


Vendredi, 11 heures 30 à 13 heures

La pluie se fait plus soutenue. A Villers, sur le boulevard de Baudricourt, un pompier juché tout en haut d'une grande échelle qui obstrue la moitié de la rue, tente de mettre hors d'état de nuire une antenne TV en fâcheuse position. J'arrive néanmoins sans encombre au CHU, luttant difficilement contre la buée qui se forme sur le pare-brise, vu que j'ai mis la ventilation sur mes pieds pour les réchauffer à défaut de parvenir à les sécher. Il est midi pile quand le portier lève sa barrière pour me laisser entrer.
Pas de place sur le parking... tant pis, je prends la place réservée au président de machin chose (sigle inconnu) jugeant peu probable qu'il arrive à cette heure-ci. La place est sous deux pins qui se tordent, mais pas de rire ! Désembuage avant de manœuvrer pour m'extraire de ma place, sans emboutir la camionnette blanche mal garée derrière moi.
La petite route dans la forêt n'est pas moins jonchée de brindilles et de faînes qu'à l'aller, mais les employés de la DDE ont déblayé les branches les plus grosses. Un magnifique brocard me salue d'assez près avant de s'engouffrer dans un fourré. Ma petite voiture reste imperturbable sous les rafales de vent. Je suis soulagée d'arriver à bon port après ces moments de tension.

Vendredi, 13 heures

Le chat affamé nous attend en haut des escaliers.
Cette matinée m'a ouvert l'appétit. Des vêtements secs sont les bienvenus.

Vendredi après-midi

Le chat, excité par les rafales de vent, sort précipitamment par la chatière pour courir après les feuilles mortes qui traversent la terrasse, mais il revient vite se réfugier à l'abri sur le pas de la porte-fenêtre... avant de se réfugier définitivement à l'intérieur de la maison.
Le vent qui tourné à l'ouest, s'engouffre maintenant dans la vallée qu'il avait jusqu'ici épargnée. Je commence à regarder avec crainte les arbres remuer dangereusement et même le poteau électrique qui alimente la maison vaciller très nettement. Le grand cyprès du jardin agite ses frondaisons dans tous les sens en signe de protestation... résistera t-il à cette tempête-ci ?
Une mésange parvient devant la fenêtre, mais ne se pose pas au bord de la soucoupe pleine de graines de tournesol détrempées par la pluie, ne maitrisant pas son vol, tout autant que craignant le chat, excité à sa vue, derrière la vitre.
L'après-midi passe ainsi, agitée, mais le vent finit par s'affaiblir.
Tiens, où l'autre chat, la grisette, a t'elle donc passé tout ce temps ?

Vendredi, 23 heures 30

Le chat dort tranquillement sur le lit en nous attendant !

Samedi matin

Le chat a repris son poste d'observation derrière la fenêtre.
Joachim, c'est comme cela que s'appelle cette tempête, s'en et allé ou plutôt se comble, nous envoyant par le fait des retours d'air venant du nord, plus calmes mais plus froid. La météo annonçait la possibilité de quelques flocons. Il n'en est rien et le ciel s'est même offert le luxe de nous montrer qu'il était bleu.

Samedi, 14 heures

La Moselle roule des eaux couleur café au lait, avec la mousse blanche qui va avec. Tourbillonne aux abords du pont. Charrie des troncs d'arbres dont certains de gros calibre. Nous n'aurons pas le loisir de faire le traditionnel coucou aux mariniers et plaisanciers qui ne sont probablement pas autorisés à naviguer, ce qui serait assez kamikaze ! Le Larot, rivière temporaire née d'une résurgence au milieu de la forêt, déverse ses eaux laiteuses dans la rivière. Les berges sont spongieuses, reflétant dans leurs flaques d'eau les aulnes de la rive dont les pieds sont dans l'eau.

Dans le ciel bleu, gris, noir, un large vol en V de 200 à 300 grands cormorans remonte la vallée vers l'Est. Ont-ils fui les turbulences de Joachim ?


Samedi, dans la soirée

Le chat a passé une bonne partie de la journée dehors et rentre tard, ayant dédaigné les coussins tout comme le lit.
Nous nous en sommes sortis sans dégâts et même si ce n'a pas été le cas pour tout le monde, on peut se réjouir que Joachim ait été plus clément que Lothar qui a ravagé le pays le 26 décembre 1999, me laissant une réelle crainte à l'annonce du moindre coup de torchon.


Nancy, Pierre-la-Treiche, 15, 16 et 17 décembre 2011

2 commentaires:

  1. Le clément Joachim ne manquait pourtant pas d'"R" puisqu'il a soufflé celui des croquettes du gros chat tigré, ce fripon que les coquettes font miauler de désespoir...
    Vos "tranches de vie" n'en sont que plus délicieuses.

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  2. Joli commentaire !

    Quant à Bidule, il préfère les croquettes aux coquettes.

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