Après la Bretagne en août avec Papa et Maman, nous sommes allés chez nos grands-parents. Moi, c'est Antoine et mon grand frère, Gilbert. Il ne veut plus être appelé Gigi disant que ça fait bébé.
Pépé et Mémé habitent un village accroché au flanc d'une colline. Dans le bas, une grande route longe la rivière et le quartier de l'autre côté se nomme le Faubourg. Plus loin, il n'y a rien, juste des prés et des vaches. En haut de la colline, les ruines d'un ancien château font un terrain de jeu idéal. Nous y avons retrouvé nos copains sous un gros marronnier.
Nous nous sommes d'abord un peu ennuyés à jouer à des trucs sans intérêt. Mais le grand Robert a eu une idée géniale :
- Et si on jouait à la guerre ?
Il nous a partagés en deux camps. Ceux du bourg sont les Romains. Gilbert qui s'y connait en histoire aurait voulu être Grec, mais le grand Robert, chez qui il y a la télévision, a vu un film hier et a décrété que les Romains, c'était mieux. Ceux du Faubourg ont décidé d'être des Ricains.
Bernadette est la seule fille. Une fille peut-elle faire la guerre ? Comme elle accompagne Louis qui n'a pas le droit de traverser la route nationale tout seul, elle a été acceptée. Elle fait l'infirmière. Il faut bien quelqu'un pour soigner les blessés !
Nous, les Romains, sommes super chouettes avec nos toges faites de deux torchons blancs reliés par des nœuds aux épaules et serrés à la taille par une corde. Nos sandalettes s'accordent bien à notre tenue, complétée par un casque fabriqué avec du carton gris. Je ne sais pas si la ressemblance avec des Romains est parfaite, mais sous la chaleur, notre uniforme est confortable et léger. Ce n'est pas comme les Ricains, chaussés de bottes en caoutchouc, transpirant sous leur béret et leur gilet. C'est eux qui ont choisi leur costume, ils n'osent pas se plaindre.
Notre arme est une épée bricolée avec deux bouts de bois. Gilbert appelle la sienne Durandal. Les Ricains ont un pistolet imaginaire fait de deux doigts pointés vers nous.
Nous avons choisi chacun notre terrain. Nous, derrière un mur effondré ; les autres, dans un creux qu'ils appellent "la tranchée".
- À l'assaut !
C'est le signal du chef pour nous jeter sur l'ennemi tout en poussant des cris sauvages et en lançant des marrons. Les Ricains hurlent "pan-pan" en nous visant.
Robert est venu avec son chien en disant que c'était Rintintin. Le chien obéit quand un soldat crie "attaque" mais reste accroché à nos vêtements, comme il le fait à la queue des vaches.
À la fin du combat, il y a des blessés et des prisonniers.
Bernadette nous soigne en posant des pétales sur nos blessures. Elle est drôlement jolie dans sa longue liquette blanche. Ses deux nattes blondes s'échappent d'un foulard portant une croix rouge tracée au mercurochrome.
Soudain, elle s'exclame d'un ton grave :
- Il faut signer un armistice !
Elle sourit quand je demande :
- C'est quoi, le narmistice ?
Gilbert explique bien, et maintenant, j'ai compris !
Tandis que nous dévalons la ruelle en courant, les cloches battent à toute volée. Elles sonnent l'angélus mais moi, j'imagine que c'est pour annoncer l'armistice.
Au moment où nous arrivons devant chez Pépé, apparait une 4CV grise. Maman en descend et, aussitôt, nous serre dans ses bras.
- Vous êtes contents les enfants ? Lundi, c'est le 1er octobre., vous allez retrouver vos camarades de classe !
J'essuie discrètement une larme qui roule sur ma joue et me demande si un homme a le droit de pleurer le jour où il cesse d'être un soldat...
Nous nous sommes d'abord un peu ennuyés à jouer à des trucs sans intérêt. Mais le grand Robert a eu une idée géniale :
- Et si on jouait à la guerre ?
Il nous a partagés en deux camps. Ceux du bourg sont les Romains. Gilbert qui s'y connait en histoire aurait voulu être Grec, mais le grand Robert, chez qui il y a la télévision, a vu un film hier et a décrété que les Romains, c'était mieux. Ceux du Faubourg ont décidé d'être des Ricains.
Bernadette est la seule fille. Une fille peut-elle faire la guerre ? Comme elle accompagne Louis qui n'a pas le droit de traverser la route nationale tout seul, elle a été acceptée. Elle fait l'infirmière. Il faut bien quelqu'un pour soigner les blessés !
Nous, les Romains, sommes super chouettes avec nos toges faites de deux torchons blancs reliés par des nœuds aux épaules et serrés à la taille par une corde. Nos sandalettes s'accordent bien à notre tenue, complétée par un casque fabriqué avec du carton gris. Je ne sais pas si la ressemblance avec des Romains est parfaite, mais sous la chaleur, notre uniforme est confortable et léger. Ce n'est pas comme les Ricains, chaussés de bottes en caoutchouc, transpirant sous leur béret et leur gilet. C'est eux qui ont choisi leur costume, ils n'osent pas se plaindre.
Notre arme est une épée bricolée avec deux bouts de bois. Gilbert appelle la sienne Durandal. Les Ricains ont un pistolet imaginaire fait de deux doigts pointés vers nous.
Nous avons choisi chacun notre terrain. Nous, derrière un mur effondré ; les autres, dans un creux qu'ils appellent "la tranchée".
- À l'assaut !
C'est le signal du chef pour nous jeter sur l'ennemi tout en poussant des cris sauvages et en lançant des marrons. Les Ricains hurlent "pan-pan" en nous visant.
Robert est venu avec son chien en disant que c'était Rintintin. Le chien obéit quand un soldat crie "attaque" mais reste accroché à nos vêtements, comme il le fait à la queue des vaches.
À la fin du combat, il y a des blessés et des prisonniers.
Bernadette nous soigne en posant des pétales sur nos blessures. Elle est drôlement jolie dans sa longue liquette blanche. Ses deux nattes blondes s'échappent d'un foulard portant une croix rouge tracée au mercurochrome.
Soudain, elle s'exclame d'un ton grave :
- Il faut signer un armistice !
Elle sourit quand je demande :
- C'est quoi, le narmistice ?
Gilbert explique bien, et maintenant, j'ai compris !
Tandis que nous dévalons la ruelle en courant, les cloches battent à toute volée. Elles sonnent l'angélus mais moi, j'imagine que c'est pour annoncer l'armistice.
Au moment où nous arrivons devant chez Pépé, apparait une 4CV grise. Maman en descend et, aussitôt, nous serre dans ses bras.
- Vous êtes contents les enfants ? Lundi, c'est le 1er octobre., vous allez retrouver vos camarades de classe !
J'essuie discrètement une larme qui roule sur ma joue et me demande si un homme a le droit de pleurer le jour où il cesse d'être un soldat...
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