On l'appelait monsieur Pascal. Il vivait seul, et très rarement bien que régulièrement, recevait la visite d'un homme d'une cinquantaine d'années. Ce dernier, à l'allure sportive, arrivait avec un paquet sous le bras, du genre bouteille emballée dans du papier journal, ou bien avec un sac en plastique de forme indéfinissable portant le logo du supermarché voisin.
Un jour, je vis l'homme sur le trottoir, accompagné d'un jeune garçon âgé de cinq ou six ans. Le gamin se tenait légèrement en retrait, l'air intimidé, les deux mains au fond des poches d'un sweat à capuche, le regard fixé sur ses baskets. J'aurais juré, grâce à un je ne sais quoi dans sa dégaine, que ce gosse aux yeux bridés était son fils. Ce dimanche-là, je rentrai tout juste de vacances et je venais de stationner ma voiture avec un créneau parfait, juste devant mon immeuble. Je remarquai à la fenêtre du premier étage, une main soulevant brièvement le rideau. L'homme s'acharna sur la sonnette, sans qu'il ne se passe rien. Il se pencha sur l'enfant pour lui dire quelque chose à l'oreille et l'embrassa doucement. Ils se séparèrent et je vis l'enfant se diriger vers un banc dans le square voisin, sur lequel attendait une jeune femme menue au teint pâle et aux cheveux d'un noir profond, coupés courts. Sa mise avait un aspect simple et propre. Le marmot se jeta dans ses bras tout en éclatant en sanglots. Tandis que je sortais mes bagages du coffre de mon véhicule, je vis l'homme s'engouffrer dans une voiture sportive rouge et démarrer en trombe, quittant nerveusement sa place de parking.
Il revint régulièrement, et à chaque fois qu'il sonnait à la porte de l'immeuble, la même main soulevait le même rideau avant qu'il ne puisse pénétrer dans l'immeuble, le hall d'entrée étant enfin accessible comme en témoignait la sonnerie de l'interphone.
Un dimanche d'hiver, un 25 décembre, l'homme revint avec le jeune garçon qui portait un paquet entouré d'un bel emballage cadeau. Il sonna rageusement plusieurs fois sans que la porte ne s'ouvrit. L'homme s'éloigna et réapparu peu de temps après, seul. J'entendis au bout de mon couloir une violente altercation. Cela fut bref. L'homme s'enfuit par l'escalier en criant :
- Puisque c'est ainsi, tu ne me verras plus ! Plus jamais, je te le jure !
Une voix chevrotante lui répondit :
- Hé bien, fiche le camp ! C'est mieux comme ça. Ta mère ne t'a jamais pardonné, elle en est morte de chagrin. Je ne veux pas le voir, et toi non plus, je ne veux plus te voir !
Le paquet échoua, intact, sur mon paillasson.
Les années passèrent sans qu'on ne revit l'homme, ni seul, ni accompagné. On retrouva le vieux chez lui trois jours après sa mort. C'est la boulangère qui avait alerté la police, étonnée de ne pas voir le vieillard pendant une durée qu'elle avait estimée anormale.
L'appartement était encore inoccupé quand un adolescent aux yeux bridés et cheveux raides vint sonner à la porte du bâtiment, au moment où je rentrai de mon travail. Il voulait rencontrer Pascal Noël. Je lui dis que le vieil homme était mort quelques semaines auparavant, sans qu'aucune famille ne se soit manifestée.
- Vous êtes un proche ?
Il me répondit d'une voix émue :
- Je m'appelle Noël, Pascal Noël, comme mon grand-père. Mon père ne l'appelait jamais autrement que le père Noël. J'étais venu lui dire que Papa s'était tué dans un accident.. un camion… il aimait trop les voitures de sport ! J'avais peur que mon grand-père ne veuille pas me recevoir !
Un jour, je vis l'homme sur le trottoir, accompagné d'un jeune garçon âgé de cinq ou six ans. Le gamin se tenait légèrement en retrait, l'air intimidé, les deux mains au fond des poches d'un sweat à capuche, le regard fixé sur ses baskets. J'aurais juré, grâce à un je ne sais quoi dans sa dégaine, que ce gosse aux yeux bridés était son fils. Ce dimanche-là, je rentrai tout juste de vacances et je venais de stationner ma voiture avec un créneau parfait, juste devant mon immeuble. Je remarquai à la fenêtre du premier étage, une main soulevant brièvement le rideau. L'homme s'acharna sur la sonnette, sans qu'il ne se passe rien. Il se pencha sur l'enfant pour lui dire quelque chose à l'oreille et l'embrassa doucement. Ils se séparèrent et je vis l'enfant se diriger vers un banc dans le square voisin, sur lequel attendait une jeune femme menue au teint pâle et aux cheveux d'un noir profond, coupés courts. Sa mise avait un aspect simple et propre. Le marmot se jeta dans ses bras tout en éclatant en sanglots. Tandis que je sortais mes bagages du coffre de mon véhicule, je vis l'homme s'engouffrer dans une voiture sportive rouge et démarrer en trombe, quittant nerveusement sa place de parking.
Il revint régulièrement, et à chaque fois qu'il sonnait à la porte de l'immeuble, la même main soulevait le même rideau avant qu'il ne puisse pénétrer dans l'immeuble, le hall d'entrée étant enfin accessible comme en témoignait la sonnerie de l'interphone.
Un dimanche d'hiver, un 25 décembre, l'homme revint avec le jeune garçon qui portait un paquet entouré d'un bel emballage cadeau. Il sonna rageusement plusieurs fois sans que la porte ne s'ouvrit. L'homme s'éloigna et réapparu peu de temps après, seul. J'entendis au bout de mon couloir une violente altercation. Cela fut bref. L'homme s'enfuit par l'escalier en criant :
- Puisque c'est ainsi, tu ne me verras plus ! Plus jamais, je te le jure !
Une voix chevrotante lui répondit :
- Hé bien, fiche le camp ! C'est mieux comme ça. Ta mère ne t'a jamais pardonné, elle en est morte de chagrin. Je ne veux pas le voir, et toi non plus, je ne veux plus te voir !
Le paquet échoua, intact, sur mon paillasson.
Les années passèrent sans qu'on ne revit l'homme, ni seul, ni accompagné. On retrouva le vieux chez lui trois jours après sa mort. C'est la boulangère qui avait alerté la police, étonnée de ne pas voir le vieillard pendant une durée qu'elle avait estimée anormale.
L'appartement était encore inoccupé quand un adolescent aux yeux bridés et cheveux raides vint sonner à la porte du bâtiment, au moment où je rentrai de mon travail. Il voulait rencontrer Pascal Noël. Je lui dis que le vieil homme était mort quelques semaines auparavant, sans qu'aucune famille ne se soit manifestée.
- Vous êtes un proche ?
Il me répondit d'une voix émue :
- Je m'appelle Noël, Pascal Noël, comme mon grand-père. Mon père ne l'appelait jamais autrement que le père Noël. J'étais venu lui dire que Papa s'était tué dans un accident.. un camion… il aimait trop les voitures de sport ! J'avais peur que mon grand-père ne veuille pas me recevoir !
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