Contrainte habituelle : maximum 3500 caractères.
(Heureusement qu'il y a ce forum pour me "pousser" à écrire un peu, car sinon, ma plume serait aussi paresseuse que mes pinceaux !)
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L'année scolaire tirait à sa fin, avec une certaine dose d'angoisse due à l'approche des examens. Nous entamions la dernière semaine de cours avant d'être libérés pour quelques jours de révisions.
Miss Élisabeth, notre prof d'Anglais, nous donnait ses dernières consignes, et nous nous apprêtions à nous rendre au gymnase, les filles d'un côté, avec "la" Duroc, et les garçons de l'autre, avec "le" Dubois, dont l'association des noms était une source de plaisanteries pas toujours très gentilles pour les deux profs.
Au moment de nous séparer, j'ai déposé un baiser furtif dans le cou de mon amoureuse en lui disant :
- À tout à l'heure à la cantine.
J'aime Laetitia et Laetitia m'aime. Elle est arrivée au lycée quelques jours après la rentrée, et s'est placée à côté de moi, au fond de la classe. Ça a été tout de suite le coup de foudre et depuis, nous sommes inséparables.
On s'est promis que l'examen en poche, on habiterait ensemble. Une nouvelle vie allait commencer.
J'avais bien vu que le matin, elle ne semblait pas être dans son assiette, le visage pâle et crispé. Je lui ai fait remarquer.
- J'ai mal au ventre depuis cette nuit, je ne me sens vraiment pas la forme pour jouer une partie de volley.
Sans doute avait-elle ses règles, mais je n'ai pas osé lui demander. En général, les filles n'aiment pas aborder ce sujet. Je lui ai conseillé de se rendre à l'infirmerie.
Après le sport, je l'y ai rejointe. Madame Jacquet lui avait donné une infusion bien chaude et proposé une bouillotte. Ses parents étaient prévenus, mais vu qu'ils ne pouvaient pas venir la chercher rapidement, elle prendrait le bus scolaire, comme d'habitude. En attendant, elle n'avait qu'à se reposer, sous bonne surveillance.
Le SAMU est arrivé vers 14 heures.
Mon dernier cours de la journée terminé, je suis parti sur ma mobylette, fonçant comme un dingue au travers de la ville pour la rejoindre à l'hôpital.
À l'accueil, on m'a demandé si j'étais le papa. Ça m'a semblé bizarre, j'avais pas l'impression de paraître si vieux !
J'ai quand même répondu "oui", d'un air assuré.
On m'a conduit à son chevet. Elle était allongée sur une table, les jambes relevées. Elle criait. Une infirmière et un médecin s'occupaient d'elle, sans avoir l'air inquiets.
- Poussez, poussez encore ! lui disaient-ils.
- Encore, encore, il arrive, il arrive… le voilà !
J'ai vu alors entre ses jambes écartées sortir une tête, puis le corps d'un bébé, tout gluant.
Il s'est mis aussitôt à crier.
Laetitia a pleuré quand on lui a posé sur son ventre l'enfant encore relié par le cordon ombilical.
- Félicitations à vous deux, a dit le médecin. C'est un beau garçon.
- Mais, mais… Pétrifié, je ne parvenais pas à prononcer la moindre parole.
- Je ne savais pas… a balbutié Laetitia, je ne savais pas que j'étais enceinte. D'ailleurs, ton frère Kevin, nous avait dit qu'on ne risquait rien si on faisait l'amour debout. Je le retiens, celui-là ! Mademoiselle Jacquet a compris lorsque j'ai perdu les eaux.
Quant à moi, gêné par l'évocation de nos ébats intimes, je n'ai pu que rougir.
- Bel exemple de déni de grossesse ! a soupiré l'infirmière.
Puis s'adressant à moi :
- Va falloir vous comporter en adultes, maintenant que vous êtes parents. Vous allez l'appeler comment cet enfant ?
On s'est rapidement concertés et on a répondu :
- Ben… ce sera Denis, comme son grand-père, ça lui fera une belle surprise !
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